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  LES OUBLIÉS DE LA GRANDE GUERRE

Les Animaux
​dans la Grande Guerre

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L'écrivain pacifiste Erich Maria Remarque ("A l'ouest rien de nouveau") a écrit : « Je vous le dis, que des animaux fassent la guerre, c'est la plus grande abomination qui soit ! »
​L
es animaux, et certains très inattendus, payèrent un lourd tribut au conflit, plus de 14 millions furent sacrifiés. Nombres de journaux de l'époque expliquent alors comment les animaux sont employés, mais on ne mentionne jamais les dégâts ni les pertes.

Chevaux, mulets, ânes, boeufs, chiens, canaris, pigeons, volailles, furent réquisitionnés par ordre ministériel, le 17 août 1914, comme plus tard les voitures à cheval et les charrettes.
En août 1914, la cavalerie reste la meilleure offensive, croit-on en France et en Angleterre, dans une esthétique de guerre héroïque et  médiévale, mais c'était sans compter sur la modernisation de l’artillerie et des armes lourdes et le déploiement de divisions blindées des troupes ennemies.
Les chevaux sont déchiquetés par les mitrailleuses, et la chair, des hommes et des animaux, ne vaut rien contre les blindés.
Les chevaux seront utilisés durant tout le conflit. Un million d’entre eux mourront au front, plusieurs millions subiront les gaz et attaques chimiques les maladies, le froid, la malnutrition. Des hôpitaux pour chevaux et pour mulets sont aménagés, pour les retaper et les renvoyer au feu.
Après l'échec, que l'on pourrait qualifier de suicidaire, de la cavalerie contre l’artillerie, mulets, ânes, chevaux sont employés dans les terrains accidentés, pour acheminer le ravito, les munitions, transporter les blessés et le  matériel, les unités de chirurgie mobile. Dans la boue des champs de bataille dévastés, harnachés à des jougs ou des mors parfois inadaptés qui les blessent, tirant des charrettes d’un poids colossal, chevaux et mulets s’enlisent jusqu’au poitrail, ils sont parfois abandonnés à leur sort, faute de pouvoir les dégager.

À titre d’exemple : il faut 36 chevaux pour tirer la grosse bertha ( 42,6 tonnes).
11,5 millions d'équidés (ânes, mulets, chevaux) sont tués au total dans le conflit : 6 millions pour la Russie, 2,5 pour l’Allemagne, 1,45 pour la France et 1,2 pour la Grande-Bretagne.

Les Britanniques, toujours en avance sur le respect et l’amour des animaux, avaient créé en 1897 l’organisation caritative “The Blue Cross” ( Croix Violette en France) pour venir en aide aux chevaux de guerre.
Dès le début du conflit, les photographes et reporters montrent les images de cadavres de chevaux:
Ces animaux familiers deviennent alors une métaphore pour dénoncer la monstruosité de la guerre et remplacent les cadavres humains, dont on ne diffuse pas encore les clichés pour plusieurs raisons : à cause de la propagande pour minimiser l’horreur auprès des civils et pour ne pas faire fléchir le moral des troupes.

Les équidés tombés pour la France sont laissés sur place, leur carcasses sert parfois de “planque” à des appareils d'écoute espions, on les enfouit dans des fosses communes ou on les laisse pourrir à l’air, ou dans les champs, les rivières,  ce qui contribue à la prolifération de la vermine, des mouches, ou contamine les points d’eau...
Après la guerre, les chevaux encore valides seront vendus à faible prix à des équarrisseurs, on mange de la viande de cheval sans sourciller à cette époque.

Les chiens, dressés spécialement selon leur race, sont employés comme sentinelle, patrouille, éclaireurs, à tirer les charrettes d’artillerie, de matériel d’ambulance, à transporter les blessés, comme messagers, et retrouver les blessés dans les trous d’obus sur les champs de bataille après les “marmitages” (bombardements). Charlot, chien français, ou Stubby, chien amené illégalement en France par son jeune maître américain, deviennent de vraies mascottes, héroïques, ils seront décorés.
Grâce à leur flair, leur force de traction, les chiens sauvent de nombreuses vies. Et meurent épuisés, de maladie, sous les balles ou les obus ennemis.

Les boeufs, volailles, mouton, porcs étaient envoyés au front pour nourrir les soldats.
D’ailleurs, tout est bon pour améliorer l’ordinaire du soldat : poisson, grenouilles, lapins, gibier à plume finissent dans les gamelles, avec les boites de “singe” (qui n’est autre que de la viande de boeuf ou de porc salée, façon corned beef britannique). Le braconnage est en hausse.

Les ânes, dont le nombre exact n’est pas connu, étaient utilisés surtout pour acheminer vivres et munitions dans les boyaux des tranchées, en raison de leur petite taille. Détail atroce et révoltant : pour leur éviter de braire, et signaler la présence des soldats à l’ennemi, on leur coupait la lèvre supérieure jusqu’au museau, la douleur les empêchait d'émettre un son.

Les pigeons et canaris servaient quant à eux soit de messagers, soit d’espions (avec une caméra fixée sur leur poitrine), soit de “tests”. Pigeons voyageurs porteurs de messages, ou canaris envoyés dans les tranchées après les largages de gaz par l’ennemi. S’ils ne reviennent pas, c’est que les gaz mortels ou asphyxiants stagnent encore. L’ennemi les guette et leurs tireurs d'élite les déciment.
Le pigeon Le Vaillant (matricule 878-15, au service du commandant Raynal au Fort de Vaux) qui succombe à ses blessures après avoir fini sa mission, ou Cher Ami (pigeon anglais servant au bataillon de la 77e division américaine), qui a apporté le message ultime avec une balle dans les plumes, une patte arrachée tenant à peine par le tendon, sont des héros et des mascottes.

Plus loin, en Afrique notamment, Francais, Anglais et Allemands utilisent les dromadaires, les chameaux, les éléphants, les zèbres. Les Anglais mettent sur pied “L’Imperial Camel Corps”, composé de 1200 camélidés, déployé dans les zones désertiques. On cite aussi les animaux amenés par les combattants Hindous : singes, chats, oiseaux.

Tout ceci montre encore une fois de plus que la Grande Guerre était devenue l’affaire de tous, une guerre totale, atroce, d’une obscénité et d’une abjection sans nom.

Trois monuments leur sont à ce jour consacrés. À Londres, à Hyde Park, un monument célèbre depuis 2004 tous ces animaux sacrifiés “They had no choice”. En France, à Lille, un monument rend hommage aux pigeons, et au Fort de Vaux également.

Bibliographie

Cheval de Guerre, 1982, Michael Morpurgo. 

Flambeau, chien de Guerre, Benjamin Rabier, 1916, réédité
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